Kairos (Jenny Erpenbeck)

Pour moi ce roman est avant tout une longue histoire d’amour. Katharina est une toute jeune femme qui a grandi à Berlin Est « avec le mur sous les yeux ». Hans est un homme marié, père de famille, qui a quinze ans de plus qu’elle. Il est d’origine russe et a grandi pendant la seconde guerre mondiale. Il est témoin de la création de la RDA et de sa disparition. Les deux amants se rencontrent en 1986.

Toute la première partie du roman nous fait partager leur bonheur peuplé de livres et de musique classique. Ils profitent de ce que Berlin Est a à leur offrir (la culture y occupe une grande place). Le lecteur a un accès direct au coeur de Katharina, ses doutes, ses rêves et sa solitude.

Bien sûr cet amour a des failles, il s’effrite au fil des trois ans de sa durée. En parallèle, la toile de fond politique prend de plus en plus de place dans le récit. Le mur s’effondre en 1989, les allemands de l’Est perdent leurs repères. Katharina trompe son amant passagèrement, il ne lui pardonnera jamais.

L’écriture de Jenny Erpenbeck est très fluide et va à l’essentiel. La mémoire est très présente, le ton nostalgique dès le départ. Elle nous mêle à la sensibilité à fleur de peau de ses personnages avec discrétion. Le tout fait un roman enveloppant et grave.

(Commander/Réserver)